Banalisation de l'extrême droite et cordon sanitaire

Les Territoires de la Mémoire accueillent les résultats de l’élection présidentielle française avec des sentiments mitigés. Si la défaite de la candidate du Rassemblement National constitue bel et bien un soulagement pour l’ensemble des démocrates, force est néanmoins de constater que le score atteint par Marine Le Pen ne laisse pas d’inquiéter.

En effet, le nombre de suffrages recueillis au second tour par la candidate d’extrême droite a effectué un bond de plus de 2 600 000 voix par rapport à 2017, alors que son adversaire sortant enregistre quant à lui une perte de près de 2 000 000 de voix, et ce dans le cadre d’une élection qui a vu un nombre de votants au second tour rester à peu près identique qu’il y a cinq ans. Par ailleurs, il est également significatif de constater que le score de Marine Le Pen au second tour excède de près de 2 700 000 voix l’addition de son score au premier tour avec celui d’Éric Zemmour. Le report des suffrages a donc largement dépassé le cadre des deux principaux candidats d’extrême droite.

L’élection de ce 24 avril 2022 constitue donc malheureusement une nouvelle confirmation que les thèses et les idées de l’extrême droite font leur chemin dans la société, notamment par le biais d’une banalisation de plus en plus importante de ses discours, ses acteurs et actrices, en particulier en regard de l’Histoire.

À cet égard, le récent écart de conduite vis-à-vis du cordon sanitaire médiatique en Belgique nous apparaît comme un précédent aussi dangereux qu’inutile. Pour les Territoires de la Mémoire, un tel manquement contribue gravement à la banalisation évoquée ci-dessus.

Les Territoires de la Mémoire rappellent que la lutte contre l’extrême droite – et ses divers outils tels que le cordon sanitaire – s’inscrivent dans l’Histoire de notre société démocratique et des évènements dramatiques que celle-ci a pu vivre, entre 1940 et 1944, sous la domination de l’un des avatars de l’idéologie fasciste. C’est donc au nom de ce passé commun que la lutte contre les héritiers ou les nostalgiques de cette idéologie doit continuer, sans hésitation, ni banalisation, ni arrière-pensée politicienne.