Ce 29 avril 2021, Paul Brusson aurait fêté ses 100 ans.

Paul Brusson est né à Ougrée le 29 avril 1921, il y a donc 100 ans. Cet anniversaire est l’occasion de lui rendre un vibrant hommage.

Militant de la première heure, il s’émeut de la politique fasciste en Italie et, encore adolescent œuvre au soutien et à l’accueil de réfugiés espagnols ayant fui la dictature franquiste. Toujours à la fleur de l’âge, il rejoint le Mouvement Solidarité du Front de l’Indépendance, apporte son concours à diverses missions de renseignements et se charge plus particulièrement de la distribution de journaux clandestins et autres tracs antinazis. Il intègre également le Parti Socialiste.

Dans le contexte totalitaire que connaît la Belgique occupée, son engagement finit par éveiller l’attention de la Gestapo qui procède à son arrestation le 28 avril 1942, à la veille de ses 21 ans. Commence alors pour lui le parcours infernal de la déportation qui le conduira au Fort de Huy, puis au Fort de Breendonk, mais surtout aux camps autrichiens de Mauthausen et de Gusen avant d’être transféré, à l’aube de la libération, aux camps de Natzweiller-Struthof, en Alsace, et Dachau, près de Munich, d’où il est libéré le 30 avril 1945, soit quasiment trois ans, jour pour jour, après le début de sa détention.

Vient enfin pour lui le temps des retrouvailles familiales, le temps du mariage, le temps de la construction d’une carrière professionnelle qui verra cet ouvrier cordonnier embrasser le métier de policier jusqu’à devenir commissaire, un commissaire reconnu pour son empathie et sa bienveillance.

Alors que la plupart des rescapés restent prisonniers du mutisme durant nombreuses décennies, Paul Brusson, lui, entame son premier voyage mémoriel déjà au début des années 1950. Ce fut le premier d’une longue série. Jusqu’à sa mort, et l’année même de son décès en 2011, il accompagnait encore un groupe au cours d’un voyage contre l’oubli. D’aucuns iront même jusqu’à affirmer que, dès qu’il fut retraité, il s’était adonné à plein temps à son activité de « Passeur de Mémoire », multipliant les actions dans les écoles, au sein des associations patriotiques (Amicale de Mauthausen, Institut National des Invalides de Guerre, Confédération Nationale des Prisonniers Politiques et Ayant-Droits, Union Liégeoise des Prisonniers Politiques) et bien sûr au sein de l’ASBL Les Territoires de la Mémoire dont il fut un des membres fondateurs et président d’honneur.

Aux côtés d’autres rescapés comme Guy Mélen, René Deprez ou Nelly Lecoq, Paul Brusson fut en effet la mémoire vive d’une histoire concentrationnaire que notre association cherche inlassablement à analyser et à comprendre afin de lutter contre les mécanismes susceptibles de conduire à la réitération de telles dérives liberticides.

Plus jamais ça ! C’était le cri lancé par les rescapés aux lendemains de la libération, c’est aussi le nom donné à notre exposition permanente consacrée à cette thématique au sein de la Cité Miroir. « Plus jamais ça ! Parcours dans les camps nazis pour résister aujourd’hui », une exposition permanente où l’on retrouve encore une fois Paul Brusson qui, par-delà la mort, continue donc de témoigner.