Jamin, Jérôme
n°58, octobre-décembre 2011
Si la préférence nationale est une caractéristique de l’idéologie d’extrême droite, elle bénéficie d’un soutien efficace, insidieux et involontaire de nombreux médias qui articulent sur une même base l’information dans leurs JT, préférant souvent le local à l’international, « nos morts et nos blessés » à ceux du voisin, nos petits souffrances concrètes et locales au lieu des drames de masse, ailleurs !
Le concept de « préférence nationale[1] » repose sur une idée simple : à force de vouloir accueillir correctement les immigrés en France dans le respect des droits humains, ceux-ci finiraient par être mieux encadrés, soutenus, assistés et aidés que les « Français de souche ». Jean-Marie Le Pen expliquait dans son ouvrage « Parole d’homme ! » qu’on « ne peut pas en vouloir à un homme qui vit mal chez lui de venir chez nous, qu’il soit en règle ou non avec la loi, sachant qu’ici, il aura les mêmes droits, voire plus de droits encore, que les nationaux[2]". L’idée de la préférence nationale est une dimension fondamentale du programme frontiste et elle reste aujourd’hui, sous la présidence de Marine Le Pen, un élément déterminant et structurant pour les cadres, les militants et les électeurs. Elle vise d’abord à empêcher qu’un étranger puisse bénéficier des mêmes droits que les Français, elle vise ensuite à empêcher que celui-ci puisse faire appel au respect des droits de l’homme pour bénéficier de certains droits sur le sol français. Elle repose sur le principe selon lequel il faut préférer nos proches et nos semblables aux étrangers.
Aït-Oile, Khadija
n°58, octobre-décembre 2011
Le retour de la chaleur estivale s’est accompagné, pour Dominique Strauss-Kahn, d’un retour sur le banc des accusés. Soupçonné d’agression sexuelle, c’est à l’aéroport de New York, lors de son embarquement pour Paris, qu’il fut arrêté par les forces de l’ordre suite à la plainte déposée par Nafissatou Diallo, une femme de chambre de l’hôtel où il résidait au cœur de Manhattan.
« Séquestration, comportement sexuel criminel et tentative de viol » furent les chefs d’inculpation ; l’issue du procès censée établir la « vérité officielle » aurait dû répondre au questionnement dont il faisait l’objet : s’agissait-il d’une agression sexuelle ou d’un complot? En d’autres mots, était-ce lui ou Mme Diallo qui fut le bourreau dans cette histoire ? Nous n’en saurons probablement jamais rien. DSK clama son innocence et démissionna de sa fonction de directeur général du FMI dans le but de se concentrer sur sa défense, pendant que la plaignante campait sur ses positions.
Face à cet état de fait, les médias s’en donnèrent à cœur joie pour ce qui était des pronostics. Or, sans une version de « l’histoire » consentie par les deux parties, tout n’aura été que question de croyances, contestations et adhésions. Les pièces à convictions étant peu nombreuses, les avocats n’hésitèrent pas à farfouiller dans les passés respectifs des concernés afin d’y déceler des signes annonciateurs de la culpabilité de l’un ou de l’autre ; alors, même si aucune certitude ne pouvait être établie à moins d’un aveu, une ribambelle de traces, pistes et inconnues furent rassemblées par les juristes afin de tracer le canevas de « l’histoire de l’un des plus grands scandales » de ce début de millénaire. Ce climat de doutes et de présupposés laissa aux journalistes et commentateurs un « champ d’action » sans limites : c’est à pieds joints qu’ils sautèrent sur l’occasion de lancer leurs spectateurs, auditeurs et lecteurs sur un florilège de pistes et d’atmosphères digne d’une partie deCluedo.
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Recloux, Michel
n°58, octobre-décembre 2011
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